Omikuji
un opéra des perceptions...
Tout public | Durée : 1h15
Pour flûtes, clarinette, violon, piano, percussions, voix (en direct et enregistrées) et électronique.
5 musiciens/performers : Mayu Sato (flûtes), Chikako Hosoda (violon), Philippe Festou (clarinette, électronique, composition), Hélène Pereira (piano), Damien Louis (percussions).
« Où il n'est pas tant question d'inventer une nouvelle musique qu'une nouvelle façon d'écouter »
I shin den shin : de mon esprit à ton esprit est le maître mot de cette oeuvre qui implique le public directement dans cet étrange processus créatif
Inspiré de la méthode de divination japonaise qui s'appelle Omikuji mais aussi des dernières théories des physiciens concernant le temps, chaque auditeur est invité à manifester secrètement une intention personnelle sur un petit papier…
Les synchronicités qui adviendront seront prétextes à interprétations personnelles et singulières comme voies possibles de réponses.
Univers sonores qui jouent sur des paramètres « élastiques » et incongrus : sons en dehors de l'espace architectural et spatialisés dans le lieu partagé, sons de l'intime, l'oeuvre polymorphe gomme les frontières entre la représentation et le réel en jouant avec nos perceptions : c'est une kairophonie.
Musique en résonances affirmées aux processus dramaturgiques du théâtre Nô autant qu'à la tradition musicale occidentale ; Omikuji entremêle univers sonores concrets, archétypaux, électroniques, instrumentaux et voix enregistrées.
Un dialogue qui décline les facettes de nos perceptions et des instants fugaces de la vie, se déploie entre une prose nourrie par le sacré et la spiritualité à partir de textes sacrés du bouddhisme Zen (Shin Jin Mei, Hannya shingyo, San do kai…) et de textes gnostiques.
Opéra de chambre, expérience perceptive, oeuvre collective, Omikuji est tout cela à la fois.
Commande d'état 2023 - Aide à l'écriture.
Places
Hélène Pereira, piano | Damien Louis, percussions | Philippe Festou, composition, clarinette, live electronics | Benoît Philippe, clarinettes
Tout public | Durée : 1h00
Depuis les multiples chants des vendeurs qui interpellent la flânerie du premier venu se dégage la matière brute et résonante de la "via".
Je ne saurai certainement jamais si ce chant de l'interpellation est volontairement mélodique et rythmique ou si le marchant en a une conscience musicale ; mais peu importe car tout cela nous place à l'endroit d'un spectateur-auditeur privilégié, au cœur de cet opéra des fourmillements improbables.
Le passage étroit d'un chemin à se frayer, les grouillements des cris des vivants dans l'agitation des sens submergés d'un soleil délicatement Sicilien.
Et puis trouver une image chaque fois renouvelée du silence, en alternance des cris, comme une essence des impressions, une respiration salutaire comme si nous pouvions nous extraire à l'envie de cette cohue pour en dégager toute la sève sonore et offrir notre son en partage.
Il fait bon inviter cet extérieur où bouillonnent les musiques des voix et des objets ; il y a une simple, lointaine et profonde musique du monde qui se transforme en prière sonore, plonger le marché dans la salle du concert en ayant pris soin d'avoir dégagé au préalable le suc des timbres colorés de paquets de notes toniques et de scansions pour des pomodori et des melanzane ; ce parcours sera alors à l'image de cette traversée au milieu des étals, écrite et aléatoire, déterminée et jouant sans plus y penser de notre libre arbitre, de nos nécessités musicales, de nos réflexes, de notre capacité à nous entendre et à dialoguer ensemble en réplique d'incantations.
Car de cette palpitation des sons et des voix, dans ce flux de joies et de pulsations se joue encore la musique de la vie des humains.